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Guerres commerciales : Menaces sur la sécurité alimentaire

Guerres commerciales : Menaces sur la sécurité alimentaire

 

Plus de 820 millions de personnes, soit plus de 10% de la population mondiale, ont faim et environ 2 milliards de personnes ont connu l'insécurité alimentaire en 2018.
Ce défi existe dans le contexte d'une population mondiale qui devrait passer de 7,7 milliards à 8,5 milliards en 2030 et atteindre 9,7 milliards en 2050. Ces informations ont été publiées par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
D’après le CNUCED, le commerce international s'est révélé être un mécanisme essentiel pour la croissance et le développement. Il aide à construire des chaînes de valeur plus solides, à atténuer les conflits et donne accès à des quantités et des biens et services de meilleure qualité. Il a également permis aux consommateurs d'accéder à un panier alimentaire plus diversifié et nutritif. Cependant, pour que le commerce améliore la sécurité alimentaire du plus grand nombre de personnes dans le monde, une coopération internationale accrue est nécessaire.

Les pays en développement les plus touchés

La majorité des personnes confrontées à la faim et à l'insécurité alimentaire vivent dans des pays en développement. Ces pays, y compris de nombreux pays les moins avancés (PMA), dépendent de manière critique du secteur agricole pour l'emploi, la production et les exportations.
A titre d’illustration, 57% de la population active des PMA était employée dans l'agriculture en 2019, contre seulement 3% dans les pays à revenu élevé. Dans les pays en développement, la pauvreté est plus élevée dans les zones rurales et les ruraux pauvres dépendent de l'agriculture. Les petits exploitants des pays en développement sont confrontés à des défis qui les empêchent de bénéficier équitablement des chaînes de valeur mondiales. Des mesures internationales et nationales renforcées sur la transparence et la réglementation sont nécessaires pour garantir que les revenus provenant des chaînes de valeur agricoles soient équitablement partagés par tous les acteurs.

Moins de distorsion, plus d'inclusion nécessaires

Le système commercial international agricole doit être moins faussé, plus inclusif et plus durable, ainsi que tenir compte des besoins spécifiques des pays en développement. Le volume élevé des subventions agricoles accordées aux producteurs des pays développés doit être réduit. Par exemple, les pays de l'OCDE ont fourni 315 milliards USD de soutien et de protection à leurs producteurs agricoles en 2017. Au lieu d'améliorer l'accès équitable et transparent aux marchés, les sentiments anti-mondialisation croissants et les mouvements vers le protectionnisme menacent de saper les avantages substantiels du commerce mondial, en particulier pour les systèmes alimentaires et la nutrition. Dans le même temps, les approches anti-mondialisation et protectionnistes ne font rien pour résoudre les problèmes auxquels ils prétendent répondre. Cet environnement rendra probablement plus difficile de surmonter les obstacles à l'amélioration du commerce mondial.

Action multilatérale critique

L'effondrement des négociations sur l'agriculture a considérablement limité les possibilités d'utilisation du commerce pour le développement et l'optimisme des pays en développement quant au potentiel du commerce agricole comme moyen de sortir de la pauvreté s'érode.
Des négociations commerciales multilatérales adéquates auraient entraîné des gains substantiels pour les pays en développement comme pour les pays développés, notamment une augmentation de la production mondiale de produits alimentaires et industriels, une meilleure infrastructure commerciale, des procédures douanières plus efficaces, une protection tarifaire plus faible et une réduction du soutien interne faussant la production et les échanges.
Les accords commerciaux sur l'agriculture vont également bien au-delà de la sécurité alimentaire. Le traitement spécial et différencié demandé par les pays en développement sur l'agriculture est une condition essentielle pour qu'ils continuent de vouloir soutenir le régime commercial mondial dans tous les secteurs.
Nous avons également besoin d'informations sur le marché plus solides et de coûts commerciaux réduits associés aux barrières non tarifaires au commerce agricole, y compris les mesures qui sont plus importantes aujourd'hui à la lumière de l'impératif de durabilité. La prolifération des mesures non tarifaires doit être combattue et les coûts de leur application réduits afin de garantir aux pays les plus pauvres un accès aux marchés pour leurs produits agricoles. Une prolifération de ces mesures est envisageable à mesure que les pays se développent et dans le contexte de la mise en œuvre du Programme 2030.
Pour éviter les effets négatifs et involontaires potentiels de cette tendance, la cohérence et la convergence des politiques sont essentielles. La conformité de la traçabilité doit être sensée et soutenir le développement. Ces instruments, et l'approche multilatérale dans son ensemble, offrent des avantages importants pour la libéralisation du commerce et devraient continuer d'être soutenus.
Le rôle du commerce dans la réduction de la faim et la garantie de la sécurité alimentaire doit être prioritaire. Pour ce faire, nous devons renforcer la coopération internationale à l'échelle multilatérale.

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