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Aides au développement :Transformer l’économie

Aides au développement :Transformer l’économie

 

Les pays les moins avancés (PMA), les pays les plus pauvres du monde, devraient veiller de manière proactive à ce que les financements extérieurs de toutes sources soient dirigés vers les priorités nationales de développement. Cette approche est le meilleur moyen de gérer leur dépendance à l'aide et éventuellement d'y échapper, selon le rapport 2019 des pays les moins avancés de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement(CNUCED). Selon le rapport, les PMA représentent 15 des 20 pays du monde les plus dépendants de l'aide en raison de l'insuffisance persistante de leur épargne intérieure, entre autres facteurs.

Selon la CNUCED, les PMA ont besoin de financements extérieurs destinés à la transformation structurelle de leurs économies pour qu’ils atteignent les objectifs de développement durable et échappent à la dépendance vis-à-vis de l'aide. Pour que cela soit possible, les PMA devraient s'approprier leur programme de développement et gérer l'allocation des financements extérieurs pour le développement conformément à leurs priorités nationales de développement. La communauté internationale doit également intensifier son soutien à cet objectif commun, indique le rapport.

Plus de sources externes, peu de financement du développement

Le monde en développement a accès à une nouvelle architecture de l'aide, avec un plus large éventail de sources de financement externes, mais cette situation a entraîné plus de complexité et d'opacité pour les pays les plus pauvres, note le rapport. De plus, cette diversité de financement ne s'est pas traduite par une augmentation significative du financement du développement de toutes provenances. Il a plutôt augmenté le nombre d'acteurs et d'instruments. Les décaissements de l'aide publique au développement (APD) aux PMA n'ont augmenté que de 2% par an depuis le Programme d'action d'Istanbul de 2011 et restent loin des objectifs convenus au niveau international, observe le rapport.

La composition sectorielle de l'APD continue d'être orientée vers les secteurs sociaux, qui absorbent 45% de l'aide totale, par rapport aux infrastructures économiques et aux secteurs de production, qui ne reçoivent respectivement que 14% et 8%. Le financement du développement moderne se caractérise également par un nombre croissant d'instruments complexes et une baisse de la concessionnalité (une mesure de la «douceur» d'un crédit reflétant l'avantage pour l'emprunteur par rapport à un prêt au taux du marché). Le résultat net est que les PMA ont de plus en plus recours au financement par emprunt, faisant plus que doubler leur stock de dette extérieure de 146 milliards USD à 313 milliards USD entre 2007 et 2017. Actuellement, un tiers des PMA sont en situation de surendettement ou à haut risque de surendettement.

Les PMA devraient mieux gérer le financement du développement

Pour inverser la tendance, le rapport exhorte les PMA à renforcer la gestion de leur financement du développement. Cela pourrait être réalisé en établissant ou en renforçant des mécanismes de coordination de l'aide, comme cela a été illustré par certains PMA, comme le Rwanda et la RDP lao.

Les PMA devraient adopter des politiques pour gérer correctement les relations avec les acteurs du développement traditionnels et émergents, notamment les donateurs traditionnels, les organisations non gouvernementales (ONG), les philanthropes, les entités du secteur privé participant à la coopération au développement et les sources de financement du développement du Sud.

En outre, le rapport recommande que les PMA clarifient le processus décisionnel concernant l'allocation des ressources financières, la sélection des projets et la détermination des domaines et problèmes prioritaires. Ils devraient concevoir des mécanismes pour le décaissement, l'allocation et l'utilisation efficaces des financements extérieurs afin de préserver leur espace budgétaire.

En outre, les PMA devraient se coordonner avec les sources de financement pour aligner les programmes, projets et activités financés sur ressources extérieures avec les plans et priorités de développement national, ainsi que pour assurer la responsabilité mutuelle dans les pratiques, la collecte de données, la communication de données, les normes de transparence et de suivi.

Les PMA doivent renforcer la capacité de l'État

Les PMA devraient également renforcer leur capacité d'État à canaliser les ressources vers la transformation structurelle. Ils devraient mobiliser et gérer efficacement les finances nationales pour élargir l'espace budgétaire, garantir les capacités humaines et institutionnelles nécessaires et établir des synergies entre l'aide et la mobilisation des ressources nationales.

Selon le rapport, les PMA doivent mobiliser et allouer le financement nécessaire aux investissements à long terme dans de nouveaux secteurs et activités productifs, ainsi que les investissements entrepris pour la modernisation technologique et organisationnelle des secteurs existants et des unités de production.

Ils devraient également créer et renforcer les institutions nécessaires pour entreprendre l'analyse financière ainsi que la planification et la coordination de la transformation structurelle, ainsi que celles responsables de la mobilisation des ressources financières nationales.

En outre, les PMA devraient mener à bien les réformes politiques nécessaires pour élargir l'assiette fiscale et augmenter les recettes, par exemple en révisant les faibles taux d'imposition dans les secteurs des ressources naturelles (en particulier les mines) et en éliminant les échappatoires fiscales et les exonérations inutiles.

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