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Mieux redistribuer les fruits de la croissance

Mieux redistribuer les fruits de la croissance

 

Selon la récente édition de la note de conjoncture économique de Madagascar publiée par la Banque Mondiale, la croissance économique est restée forte en 2018. Le principal défi consiste maintenant à mieux redistribuer les fruits de cette croissance à l’ensemble de la population afin de réduire la pauvreté.

Pour la cinquième année consécutive, la croissance reste forte. L’on craignait un ralentissement de la croissance économique en 2018, année électorale, mais l’activité économique est restée forte, affichant un taux de 5,2 %. Elle se situe même au-dessus de la moyenne régionale et mondiale. Pour la cinquième année consécutive, le taux de croissance économique a également excédé le taux de croissance démographique estimé à 2,7 %. Le secteur des services reste le principal moteur de cette croissance avec un taux de croissance de 5,2 % en 2018.

Par ailleurs, le pays a connu une bonne production rizicole qui est passée de 3,1 millions à environ 4 millions de tonnes entre 2017 et 2018, à cause des conditions météorologiques favorables en 2018. Cette bonne performance a donné une impulsion au secteur agricole et largement contribué au ralentissement de l’inflation en 2018, dont le taux moyen a baissé de 8,3% à 7,3% sur la même période. Le compte courant a enregistré un excédent équivalant à 0,8% du PIB, dû en grande partie à la bonne performance des exportations.

En outre, les recettes d’exportation et l’augmentation du financement extérieur ont contribué au maintien du niveau des réserves de change officielles, qui équivalent à quatre mois d’importations. Avec un taux de recouvrement qui a atteint 97 % de l’objectif annuel, les recettes fiscales se sont aussi améliorées en 2018, appuyées par la révision de la taxe sur les produits pétroliers. Néanmoins, les résultats restent encore inférieurs à ceux des autres pays d’Afrique subsaharienne, même si le ratio des recettes fiscales au PIB a augmenté au cours des cinq dernières années.

La Banque Mondiale suggère de privilégier les investissements publics dans les secteurs sociaux et productifs plutôt que les subventions à l’énergie. Pour générer une croissance inclusive à moyen terme, le gouvernement devrait privilégier les investissements publics dans les secteurs sociaux et productifs au lieu de recourir à des subventions non ciblées, telles que les subventions universelles sur le prix des carburants. Ces subventions s’avèrent très coûteuses pour le budget de l’État qui compense la hausse des prix pétroliers en versant une subvention aux sociétés pétrolières afin que ces dernières n’augmentent pas le prix à la pompe. En outre, le gouvernement a accumulé des passifs envers les sociétés pétrolières puisqu’il n’a pas payé les subventions dues aux sociétés pétrolières à la fin de l'année 2018 et au début de l'année 2019, dans un contexte de hausse des cours mondiaux du pétrole. En bénéficiant à tous les ménages consommant des produits pétroliers, les subventions sont insuffisamment ciblées et profitent davantage aux ménages aisés qui consomment plus. Madagascar étant l’un des pays les plus pauvres du monde, seuls 20 % de la population ont les moyens de consommer du diesel et de l’essence. De même, ce sont surtout les plus riches qui achètent des biens et des services utilisant le carburant comme intrant, tandis que les 40% les plus pauvres n’en consomment pas. Les ménages à faible revenus, qui représentent 60% des ménages, consomment beaucoup de pétrole lampant mais pas d'autres carburants.

Pour améliorer la gestion des prix des carburants, un mécanisme d'ajustement automatique permettrait de mieux gérer les variations des cours mondiaux du pétrole en les répercutant sur les consommateurs. Cette approche éviterait à l'État de subventionner le coût du carburant. Mais des programmes de protection sociale ciblés devrait accompagner cette réforme afin d’atténuer les effets des prix élevés et volatiles du carburant sur les pauvres qui consacrent une part plus importante de leur budget au pétrole lampant. Un autre moyen permettant d'amortir les effets de la hausse des prix du pétrole consiste à réduire les facteurs de coûts fixes dans le calcul du prix de référence. En 2016 et 2017, une analyse indépendante du secteur a été réalisée sur le calcul du prix de référence. L’analyse a servi de base à une première série de négociations entre le gouvernement et les sociétés pétrolières et a abouti à une réduction de 4% du prix de référence, montant qui pourrait encore être réduit.

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