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Récifs coralliens : Patrimoine en danger

Récifs coralliens : Patrimoine en danger

 

Les effets des changements climatiques sur les récifs coralliens se font sentir depuis plus de trente ans sous la forme d’un stress thermique qui provoque le blanchissement et la mortalité des coraux. Les épisodes de blanchissement tendent à se généraliser, augmentent en fréquence et en intensité et ont des incidences majeures sur les récifs coralliens à l’échelle mondiale.

D’après les projections, le réchauffement climatique dépassera la capacité de survie des récifs dans les dix à trente prochaines années sur la majorité des sites du patrimoine mondial abritant des récifs coralliens, et les pressions supplémentaires qui s’y ajouteront, comme l’acidification de l’océan et les facteurs de stress locaux, aggraveront ces effets. Ces trois dernières années, seuls quatre sites du patrimoine mondial contenant des récifs coralliens ont échappé à un épisode de stress thermique d’intensité égale au seuil de blanchissement, tandis que plus des trois-quarts des sites ont été soumis à un stress thermique sévère et/ou répété.

Les études effectuées par les experts de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) prévoient que 25 récifs du patrimoine mondial sur 29 connaîtront deux épisodes de blanchissement sévère par décennie d’ici à 2040, autrement dit une fréquence qui entraînera une mortalité rapide de la plupart des coraux existants et empêchera la reproduction et, par conséquent, la régénération des coraux survivants. Tous les sites subiront un blanchissement sévère annuel et ne pourront donc plus servir d’habitat aux écosystèmes de récifs coralliens vivants d’ici la fin du siècle, à moins d’une réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2). À l’heure actuelle, la moyenne mondiale des concentrations de CO2 dans l’atmosphère est supérieure à 400 ppm et, compte tenu des trajectoires des émissions compatibles avec l’Accord de Paris, un retour en dessous de 350 ppm n’interviendra pas avant le milieu du XXIIe siècle, voire jamais. L’attention des milieux scientifiques commencent à se porter sur l’évolution de la composition et de la dynamique des récifs, et non plus exclusivement sur les coraux eux-mêmes, même si les émissions de CO2 sont fortement réduites.

Jusqu’à présent, la priorité des sites du patrimoine mondial pour maintenir la valeur universelle exceptionnelle de leurs caractéristiques essentielles a été de préserver leur intégrité par des mesures de gestion et des actions sur site et par une législation habilitante au niveau national ou régional. Les efforts visant à rétablir la résilience et limiter les facteurs de stress anthropiques locaux ne suffisent plus, même s’ils restent nécessaires. Une menace planétaire omniprésente, en l’occurrence un stress thermique d’intensité suffisante pour provoquer des phénomènes sévères et fréquents de blanchissement et de mortalité, pèse désormais pour la première fois et si lourdement sur la valeur universelle exceptionnelle des sites du patrimoine mondial que les capacités de gestion locale sont impuissantes à y faire face. La seule solution viable est que tous les pays où se trouvent des récifs coralliens du patrimoine mondial prennent des mesures pour réduire les facteurs de stress, mais aussi pour ramener à zéro leurs émissions de gaz à effet de serre et contribuer parallèlement à l’élimination active du CO2 présent dans l’atmosphère et dans les couches supérieures de l’océan.

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