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Violence au travail : Alerte de l’OIT

Violence au travail : Alerte de l’OIT

 

La 107ème Conférence internationale du Travail (CIT) aborde cette année la question de la violence et du harcèlement contre les femmes et les hommes dans le monde du travail. Même si elles prennent parfois des formes différentes selon le niveau de développement, les principales formes de violence au travail se retrouvent partout dans le monde. Dans les pays les plus pauvres, ces pratiques inacceptables sont souvent encore aggravées par la pauvreté. En vue de briser la violence au travail, une enquête effectuée à Madagascar a été publié dans le magazine spécial de l’Organisation International du Travail (OIT).

Payer pour travailler

Dans son magazine, l’OIT rapporte plusieurs cas dont celui d’une jeune femme de 37 ans, maman de deux garçons, qui vit dans des conditions précaires malgré quinze années d’expérience en tant que machiniste dans l’industrie textile. D’après son histoire, elle enchaîne des contrats temporaires dans une entreprise franche pendant deux ans en donnant satisfaction à son employeur. Pour pouvoir gagner 300 000 MGA par mois (environ 90 USD), elle se lève à 4 heures 30 du matin pour commencer son travail à 6 heures et le terminer vers 18 heures 30. Compte tenu des embouteillages monstres qui engorgent la capitale malgache aux heures de pointe, elle n’est pas chez elle avant 20 heures. Mais, surtout, compte tenu de la main-d’œuvre abondante disponible en raison du chômage qui frappe Madagascar, elle doit aussi verser ce qu’elle appelle le «chiffre» (en réalité, un bakchich) de 500 MGA par jour à son contremaître pour voir son contrat renouvelé.

Des inspecteurs du travail sans moyens et menacés

De leur côté, le syndicat des inspecteurs du travail malgaches se bat au quotidien pour tenter de faire respecter le Code du travail. Toutefois, les efforts sont vains en raison de la difficulté de la tâche puisque les inspecteurs du travail eux-mêmes doivent souvent faire face à des intimidations verbales et parfois même à des menaces de mort. Par ailleurs, le Code du travail n’est pas très précis dans sa définition du harcèlement. Les cas de demande de bakchich par un contremaître pour conserver son emploi constituent une pratique dont les employeurs eux-mêmes ne sont pas toujours au courant. En effet, une partie de la solution consisterait à donner aux inspecteurs du travail les moyens matériels pour faire appliquer la loi. Les services de l’inspection travaillent sur des dénonciations anonymes et, malgré cela, certains représentants du personnel eux-mêmes, surtout dans les entreprises franches, ont souvent peur de perdre leur emploi.

Redynamiser le dialogue social

Du côté des employeurs, on ne nie pas les problèmes et l’on affirme une volonté claire de lutter contre la violence au travail. Afin de mieux lutter contre ces phénomènes, Rémi Botoudi, coordonnateur de la Conférence des travailleurs de Madagascar (CTM), évoque la nécessité d’une sensibilisation massive des travailleurs en leur faisant connaître leurs droits, couplée à une lutte déterminée contre la corruption tout en protégeant les droits des délégués syndicaux.
En outre, les syndicats estiment enfin que la robotisation accrue des entreprises à Madagascar doit aussi être considérée comme une forme de violence psychologique au travail car, selon eux, rien n’est fait pour mettre en place les activités de formation permettant aux travailleurs d’apprendre un nouveau métier pour les aider à retrouver une place sur le marché du travail. Du côté des employeurs, on reconnaît l’existence du problème, mais on estime que le fonds commun pour la formation professionnelle qui sera mis en place en 2018 devrait limiter les conséquences, les entreprises ayant l’obligation de contribuer financièrement à ce fonds.

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