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Jim Yong Kim : « La technologie va nous rendre un grand service mais… »

Jim Yong Kim : « La technologie va nous rendre un grand service mais… »

 

Extrait du discours de Jim Yong Kim, Président du Groupe de la Banque mondiale en préambule des Réunions de printemps 2018, American University Washington, D.C

« Voici ce que j’observe aujourd’hui partout où je me rends : je vois des jeunes qui ne possèdent peut-être pas un smart phone, mais qui y ont accès. De nombreux analystes prédisent que d’ici à 2025, le monde entier aura accès au haut débit.

Aujourd’hui, lorsque vous avez accès au haut débit et que vous pouvez voir des choses sur Internet, deux faits se produisent. Tout d’abord, les gens sont beaucoup plus satisfaits de leur vie lorsqu’ils ont accès à Internet. Ils peuvent ainsi voir comment le monde fonctionne. Ils peuvent regarder des films et des émissions de télévision. Ils sont plus satisfaits de la vie.

L’autre fait qui se produit est que le revenu de référence de ces personnes augmente, et c’est un aspect que nous étudions en réalité au sein du Groupe de la Banque mondiale. Le revenu auquel ces personnes comparent le leur augmente. Et dans ce cas, leur revenu doit aussi augmenter, sinon elles ne sont pas satisfaites.

La technologie va nous rendre un grand service en connectant tout le monde, mais elle va en même temps détruire certains emplois. Nombreuses sont les différentes prédictions concernant le nombre d’emplois qui seront supprimés. Certains diront que la quasi-totalité des emplois sera perdue.

Permettez-moi de vous faire part de ce qu’en dit quelqu’un que je connais très bien, j’ai nommé Jack Ma, le fondateur de la grande entreprise, Alibaba. C’est l’homme le plus riche de la Chine. Son entreprise est un mastodonte.

Jack Ma dit : « Vous savez, de son vivant, mon grand-père travaillait 16 heures par jour, six jours par semaine, et il avait le sentiment d’être très occupé. Moi je travaille huit heures par jour, cinq jours par semaine, et j’ai le sentiment d’être très occupé. Mes enfants travailleront trois heures par jour, trois jours par semaine, et ils auront le sentiment d’être très occupés. »

Il dit que la technologie va éliminer chaque travail qui fait appel à la puissance musculaire. Et il va plus loin en indiquant que tous les emplois fondés sur le savoir seront aussi éliminés, peut-être pas aussi rapidement, mais ils le seront inéluctablement. Et il prédit que chaque fois que surviennent ces types de ruptures — et pour lui, la façon dont l’intelligence artificielle et la technologie évoluent constitue une rupture majeure — il s’ensuit au moins 30 années de difficultés et de bouleversements énormes.

Et que devons-nous faire donc ? Comment réagir face à ce genre de bouleversements ? Quelle réponse apporter à cette situation où chacun sait comment les autres vivent, et aspire à mieux ? Les gens en veulent plus pour eux-mêmes alors que, dans le même temps, la technologie peut éventuellement supprimer beaucoup d’emplois.

Eh bien, si l’on se réfère à la façon dont le problème des inégalités et celui de la pauvreté ont été abordés à travers l’histoire, on retrouve une figure importante, Andrew Carnegie, qui, dans un ouvrage intitulé « The Gospel of Wealth », a déclaré : « Celui qui meurt en laissant derrière lui des millions en richesses qu’il possédait et qu’il devait administrer de son vivant ne sera ni regretté ni honoré ni loué. Celui qui meurt aussi riche s’en va couvert de honte. »

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