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Résistances des microbes en Afrique : 4 millions de victimes par an

Résistances des microbes en Afrique : 4 millions de victimes par an

 

Si rien n’est fait, plus de dix millions de personnes mourront chaque année du simple fait de la résistance des microbes aux antibiotiques. Ces informations ont été révélées dans une étude publiée dans la revue sur la résistance des microbes (The Review on Microbial Resistance) datant de mai 2016. A cet effet, trois agences internationales dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'Agriculture (FAO) tirent la sonnette d’alarme. Ces trois organisations appellent à redoubler d'efforts pour lutter contre la résistance antimicrobienne. Elles insistent sur le besoin de sensibiliser à la nécessité de préserver l’action des antibiotiques grâce à une utilisation appropriée chez les hommes, ainsi que chez les animaux.

Le continent africain paie le plus lourd tribut

D’après Liz Tayler, directrice technique du secrétariat à la résistance aux antibiotiques à l’OMS, l’Afrique hérite du système de santé le moins performant et demeure le continent le plus touché par les maladies transmissibles comme la tuberculose et le sida. A titre d’illustration, il faut maintenant des traitements de deuxième, voire de troisième ligne pour traiter la tuberculose, parce que l’on rencontre de plus en plus de souches multi-résistantes. Tous les antibiotiques sont concernés par ce problème de résistance. Effectivement, la résistance aux antimicrobiens est un réel problème en Afrique et un enjeu extrêmement important pour l’avenir, puisqu'il faudra trouver des alternatives à ces médicaments. Par ailleurs, les coûts des soins de santé devraient augmenter de 25% dans les pays à faible revenu, si la résistance aux antibiotiques n'est pas contrôlée. Ce qui entraînerait un appauvrissement significatif.

Proscrire l’utilisation abusive des antibiotiques

Ce problème n’épargne pas la santé animale. Seulement, hormis les pays développés, « très peu de pays ont actuellement des systèmes pertinents de surveillance de la résistance des bactéries pour la santé animale », regrette Matthew Stone, directeur général adjoint de l'OIE. Comme responsables de cette résistance, l’OMS pointe du doigt les médecins et les vétérinaires, d’un côté, et les patients de l’autre. Les médecins sont accusés de souvent prescrire plus d’antibiotiques qu’il n’en faut ; tandis qu’il est reproché aux patients de les utiliser abusivement. Plus de la moitié des antibiotiques prescrits peuvent ne pas être appropriés, même dans les pays développés comme les États-Unis. En effet, l’organisation met en garde, quant à la résistance aggravée là où les antibiotiques peuvent être achetés pour une utilisation humaine ou animale sans ordonnance. Le rapport de l’AMR-Review mentionne d’ailleurs que ce type d’utilisation représente 20 à 30% en Europe et culmine à 100% dans certaines régions d’Afrique.

L’OMS rappelle aussi que la résistance survient lorsque les bactéries sont exposées aux antibiotiques. Les agents de santé doivent être les gardiens des antibiotiques et ne doivent les utiliser que pour traiter les infections bactériennes suspectées.

Une vaste campagne menée dans le monde entier

Une campagne de communication intitulée "We need you to handle antimicrobials with care" est actuellement organisée par l’OIE. L’objectif est de fournir à l'avance les outils de cette campagne aux services vétérinaires nationaux pour leur permettre de les utiliser dans leurs pays respectifs.
En même temps, les Etats se mobilisent tout autant. Un plan stratégique de lutte contre la résistance aux antimicrobiens a été élaboré et mise en œuvre dans nombreux pays. L’OMS, l’OIE et la FAO ont consenti des efforts pour fournir les données et les informations sur l’utilisation des antibiotiques.

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