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Se rendre à Beroroha : une aventure palpitante

Se rendre à Beroroha : une aventure palpitante

 

Située dans le Sud-Ouest de Madagascar, Beroroha est une commune rurale, chef-lieu du district de Beroroha, Région Atsimo Andrefana. Un endroit d’apparence tranquille et où il fait très chaud. En hauteur, la vue sur la ville est magnifique. La commune de Beroroha ne fait pas partie de celles qui nagent dans la pauvreté. Le sol y est fertile et est adapté aux activités agricoles. Par ailleurs, le district de Beroroha produit, pour sa consommation et celle des lieux avoisinants jusqu’à Toliara, du riz et des grains secs.

Le district de Beroroha a également une forte potentialité touristique avec le massif Makay. Il s’agit d’une des dernières zones inexplorées de la Grande Île surnommée par le Figaro dans un article publié le 10 juillet 2017 comme étant « le joyau de Madagascar ». « D'un accès difficile et «protégé» par des interdits d'ordres tribaux, le Makay est un site ruiniforme sculpté par l'érosion sur des centaines de millions d'années. Le vestige de gigantesques formations de roches cristallines aujourd'hui disparues. Il s'étale sur 150 kilomètres de long pour 50 de large et se présente comme un labyrinthe de profonds canyons au creux desquels des vallées encaissées trouées de vasques turquoise, sillonnées de rivières, tapissées de mousses, de fougères et de palmiers verdoyants, forment un biotope à part où la vie s'est développée en totale autarcie, offrant aux scientifiques la promesse de nouvelles découvertes », décrit d’ailleurs l’auteur de l’article sur ce paradis des randonneurs.

Il faut cependant avoir l’aventure dans l’âme pour s’y rendre. Nous en avons fait l’expérience. Et nous devons avouer, que nous nous sommes rendus sur place par obligation professionnelle et non point pour le tourisme. Nous avons quitté Antananarivo vers 6h30 du matin le dimanche 27 août 2017. Quelques pauses se sont imposées sur la route. En tout, le voyage vers Ranohira nous a pris près de 14h de route, pour la plupart en bon état. Nous devions nous rendre le lendemain à Beroroha mais un taxi-brousse qui fait habituellement le trajet Ranohira-Beroroha s’est fait attaquer la veille faisant un blessé grave. Par mesure de sécurité, il a été décidé d’attendre et de ne partir que le jour d’après soit le 29 août 2017.

Vient le jour du départ. Tout le monde est prêt mais pas forcément psychologiquement. Deux paramètres non négligeables trottaient dans nos têtes : route en piteux état et dahalo. Nous avons, de ce fait, recouru à des 4x4 et par mesure de sécurité, des gendarmes en tenue de combat et armés, bien sûr, ont fait le voyage avec nous (ouf ! nous voilà un peu rassuré pour les six heures de route). Dès les premiers kilomètres, l’environnement change du tout au tout. L'ambiance, le paysage, et même le climat. Notre vieille capitale, nous a semblé très loin. Bien que l'on a essayé d'accélérer pour ne pas arriver à Beroroha tard dans la nuit, ce fut assez difficile car les routes secondaires sont poussiéreuses et sinueuses, tantôt pleines de crevasses, tantôt à pentes dangereuses. Sur la route, le calme.

Cependant, nous guettions chaque mouvement lointain et tout bruit qui risquait de briser ce calme où nous nous trouvions. Il faut, en effet, savoir que les dahalo font des bruits assourdissants de sifflets, crient et diffusent des chansons quand ils se mettent à attaquer.

Néanmoins, malgré cette crainte et la fatigue qui se sont de plus en plus fait sentir, nous n’avons pas pu manquer la beauté du paysage qui nous entourait. Un paysage qui nous fait tout de suite penser aux films western et à la savane africaine. Nous avons été émerveillés par la vue des massifs. Ils nous ont accompagnés tout au long de notre trajet. Nous avons également vu quelques pieds de baobab. Et vient le clou du spectacle : un coucher de soleil magnifique qui ne laisserait personne insensible. Un show qui nous a ébloui et qui nous a fait oublier notre réalité.

Vers 20h, notre chauffeur nous a annoncé que nous étions sur la dernière ligne droite. Reste à traverser quelques kilomètres avant d’atteindre le "bac" ou la navette qui nous fera traverser la rivière Mangoky pour rejoindre Beroroha. Et là, mauvaise surprise ! Notre 4x4 a démontré ses limites. La nouvelle est tombée : elle ne pourra pas traverser le trajet en sable qui nous sépare de la rivière. Malgré les efforts de nos compagnons de voyage pour pousser la voiture, c’était en vain. Un effort de deux heures qui n’a pas payé. Le verdict est tombé à 22h, il fallait marcher jusqu’au bac. Le bac semble avoir fait son temps mais demeure solide, pouvant transporter à la fois deux 4x4 et leurs passagers. Nous sillonnions la rivière dans le silence, la traversée ne fut pas désagréable. Et ce fut avec soulagement, que l'on est arrivé à Beroroha où le calme qui y régnait, contrastait avec sa réputation de zone rouge. Un voyage exténuant mais qui en valait la peine.

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