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Les forêts d’Atsinanana lourdement menacées

Les forêts d’Atsinanana lourdement menacées

 

Un réservoir de bois de rose répondant à la demande de la Chine. C’est la qualification du WWF des forêts humides d’Atsinanana dans un rapport intitulé: « Mettre un terme au commerce illégal des espèces classées à la CITES sur les sites du patrimoine mondial ». Ce site abrite 12 000 espèces de plantes endémiques dont des bois de rose et d’ébènes. Or, « depuis une décennie, l’exploitation forestière illégale constitue un problème majeur dans les Forêts humides de l’Atsinanana. À son paroxysme, l’abattage illégal du bois de rose concernait 200 à 300 m3 par jour dans les parcs nationaux de Masoala et de Marojejy », mentionne ledit rapport.

Malgré les diverses tentatives d’enrayer ce trafic qui occasionne une dégradation forestière rapide, le trafic de bois précieux est toujours d’actualité. La Chine reste la principale destination des produits prohibés et ce malgré l’interdiction totale de son commerce par la CITES depuis l’année 2013. En effet, ce pays aurait importé illégalement environ 95% de grumes en provenance de Madagascar. En tout, 50 000 tonnes de bois de rose seraient exportés vers ce pays du 2013 à 2016. La valeur totale étant estimée à 1,25 milliards USD. Une somme qui aurait permis à la Grande Île ne serait-ce que d’atteindre l’autonomie en termes de financement environnemental.

Selon le rapport du WWF : « Les grands itinéraires de transit passent par Zanzibar en Tanzanie, Mombasa au Kenya, le Mozambique, le Sri Lanka, Singapour et Hong Kong, sachant au demeurant que Zanzibar et Hong Kong constituent les principaux pays de blanchiment du bois de rose malgache ».

Et pourtant, Madagascar a bénéficié divers soutien international pour lutter contre le trafic des bois de rose et d’ébène. En 2015, le Centre du patrimoine mondial et l’'Union internationale pour la conservation de la nature ont par exemple conduit une mission de suivi réactif dans les forêts humides d’Atsinanana. Le gouvernement norvégien a pour sa part accordé 1 million USD à Madagascar pour financer un plan d’urgence pour le site. Malgré ces actions, entre 60 et 100 tonnes de bois de rose auraient été exportées de Madagascar au mois de juin et juillet 2016.

Pour le WWF donc : « Pour porter un coup d’arrêt au commerce illicite, Madagascar n’a d’autre choix que de mettre en œuvre un système de suivi des essences de bois d’œuvre qui permette à la fois de déterminer les espèces prélevées et d’évaluer les stocks sur pied en vue de fixer un taux d’exploitation durable ». Et pour les citoyens, seule l’arrestation de ceux qui se trouvent en tête «du réseau » permettrait d’endiguer le trafic.

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