REPORTAGE

« La communication non violente doit être véhiculée »

« La communication non violente doit être véhiculée »

« Croissance partagée et développement responsable : les conditions de la stabilité du monde et de l’espace francophone », c’est le thème du XVIe Sommet de la Francophonie qui se tiendra à Antananarivo les 26 et 27 novembre 2016. Stabilité rime avec paix. Et la jeunesse fait partie des acteurs qui pourrait amener à la durabilité de cette stabilité. Par ailleurs, la Croix-Rouge Malagasy fait partie des entités qui accordent une place importante à la jeunesse. Son responsable du programme Jeunesse, Rabemananjara Lova Maël, nous en parle davantage.

Pouvez-vous nous parler du Programme Jeunesse de la Croix-Rouge ?

Le Programme Jeunesse de la Croix-Rouge concerne un développement organisationnel qui a été mis en place en 2013. C’est une incitation à la promotion du volontariat au sein de la Croix-Rouge. Le Programme enregistre à peu près 4.000 jeunes volontaires dans tout Madagascar. Ces jeunes ont entre 15 et 30 ans, sans distinction ni d’origine, ni de sexe, ni de religion. Ils renforcent ainsi les activités de la Croix-Rouge envers les principales cibles c’est-à-dire les enfants, les adolescents et les jeunes de moins de 30 ans. La jeunesse Croix Rouge Malagasy est présente dans 1 045 communes. Sa structure est au niveau national, soit auprès des fokontany, des communes, des districts et dans les 22 régions.

En intégrant le programme, qu’est ce que ces jeunes gagnent en retour ?

Tout d’abord, ces jeunes volontaires doivent obligatoirement être formés aux principales valeurs humanitaires qui sont les bases du mouvement international de la Croix-Rouge. Ils sont qualifiés à traiter le sujet de la promotion de la culture de paix et de non-violence. A part cela, ils doivent aussi apprendre à maîtriser les gestes des premiers secours. En même temps, à chaque mise en œuvre d’activités, on forme à l’avance les volontaires aux besoins et à ce qu’ils vont entreprendre sur le terrain. Néanmoins, les formations sont dispensées par rapport aux activités à venir.

Plus concrètement, dans quelles activités ces jeunes volontaires interviennent-ils ?

Ils assurent principalement les sensibilisations d’autres jeunes : « par les jeunes et pour les jeunes ». Etant promoteur de la culture de paix et de non violence, la mise en pratique des promotions des principes et valeurs humanitaires prime. Ils s’imprègnent par exemple de l’éducation sexuelle des jeunes, ou du sujet de la santé reproductive. Nos jeunes volontaires interviennent également dans l’éducation, pour faciliter l’accès des jeunes à la technologie dans le milieu professionnel.

La paix est plus que jamais au centre des débats… Quels sont les apports du programme dans ce sens ?

La jeunesse Croix-Rouge Malagasy est très concernée par la promotion de la culture de paix et de non-violence, étant donné que c’est l’une de ses principales activités et axes d’intervention. La Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge (FICR) a élaboré un document de stratégie sur la prévention, l’atténuation de la violence et les moyens d’y faire face.

Depuis 2011, divers projets de la Société Nationale ont été implémentés en vue de favoriser la diversité, la non-discrimination, l’intégration, la compréhension mutuelle et le dialogue, la volonté de servir, la coopération et une paix durable. A travers ses programmes et projets, la Croix-Rouge Malagasy partage ses principes et ses valeurs afin de promouvoir l’engagement de la communauté à s’entraider, à s’exprimer et à discuter.

En 2012, nous avons eu 19 jeunes volontaires formés par la Fédération Internationale de la Croix-Rouge concernant un outil développé par la Fédération appelé Youth as Agents of Behavioural Change (YABC) ou les jeunes, en tant qu’agents du changement de comportement. C’est un outil qui permet de sensibiliser d’autres jeunes sur la question de la paix et de la non-violence à partir de jeux de rôles, et de remises en question. Ces jeunes volontaires sont qualifiés pour tenir ces activités, qualifiés en tant qu’éducateurs pairs YABC.

En 2015, nous avons organisé une représentation théâtrale intitulée « Ampinga » qui a traité la violence en milieu scolaire. Cette année, nous avons mis en place un projet dans quatre établissements scolaires dont le Lycée Moderne d’Ampefiloha, le Lycée Analamahitsy, le Lycée Jean Joseph Rabearivelo et le collège Sainte Famille de Mahamasina. Nous y avons traité des cas d’harcèlements et d’intimidations qui touchaient 500 élèves bénéficiaires. Pour y parvenir, nous avons brisé le tabou en laissant les élèves exprimer librement leurs colères et leurs frustrations sur les non-dits. A la fin de la séance, les participants ont pu tirer des leçons par eux-mêmes. Nous avons organisé une autre édition cette année et espère continuer le projet pour les années qui viennent.

Le « fihavanana malagasy », ce concept est-il dépassé ?

Non. Lorsque nous parlons de principe et de valeur humanitaire, on peut parler d’entraide, de coopération, et de solidarité. Je pense que ces valeurs là découlent et sont en relation directe avec le « fihavanana » donc, c’est vraiment très approprié. Pour les malgaches, la culture de non violence et de paix que fait la Croix-Rouge est un renforcement du « fihavanana ».

Vous avez cité tout à l’heure vos activités au sein des établissements scolaires. Quel modèle de paix peut-on espérer pour la société malgache ?

Nous prenons la « communication non violente ». Cette communication non violente est accessible à tout le monde. C’est une façon d’exprimer ses sentiments et réactions sans utiliser des mots poignants ou grotesques. C’est la possibilité de parler de ce que l’on pense et ce que l’on ressent d’une manière calme pour aboutir à l’ouverture d’une discussion. Tout le monde peut le faire, même pour ceux qui sont en dehors de la Croix-Rouge Malagasy.

Partager cet article sur :