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Ambato Boeny : une ville délaissée

Ambato Boeny : une ville délaissée

 

Située dans la Région Boeny, le District d’Ambato Boeny – le plus grand des Districts de cette Région, en termes de superficie – est composé de 11 communes et, est desservi par une piste à peine carrossable. Se trouvant pourtant juste à une vingtaine de kilomètres de la route nationale 4, ce District ne peut être atteint qu’au bout de plus d’une heure de trajet en voiture tout terrain durant la saison sèche. D’après Clément, un chauffeur croisé sur cette piste, cette « route » n’est pas du tout praticable pendant la saison des pluies. « De plus, outre les attaques des « Dahalo » souvent lourdement armés, celles des crocodiles sont les plus à craindre puisque l’eau du fleuve de Betsiboka, qui borde la ville, monte et inonde ce qui sert de route », renchérit-il. Une situation qui impacte surtout les écoliers puisque, habitant en périphérie de la ville, ils sont obligés de traverser ces eaux pour aller au C.E.G ou lycée de la ville au péril de leur vie. Raison pour laquelle, le taux d’abandon d’écoles durant les saisons de pluies est très élevé. La seule solution pour ces enfants reste l’usage de pirogues, pour ceux qui peuvent se le permettre.

Insalubrité

Ville très animée, Ambato Boeny donne parfois l’impression d’une ville où le temps s’est arrêté. La circulation y est dominée par des charrettes à bœufs, outre les rares taxi-brousses composés essentiellement de vieilles voitures d’une marque connue. La majorité des bâtiments, qui ont dû connaitre des heures de gloire, commence à donner des signes sérieux de fatigue car non entretenus ni repeints. Mais d’autres bâtiments flambant neufs y sont érigés cohabitant avec des bâtiments délabrés datant de la période coloniale. La propreté de la ville laisse à désirer. Des foins, des herbes et autres détritus jonchent les allées et les rues principales. Un coup de balai ne serait pas de trop, notamment pour la santé et la salubrité des habitants. Pourtant, à l’entrée de la ville, un slogan très optimiste est affiché fièrement, incitant la population à garder la ville propre.

Ambato Boeny est surtout réputé pour les black-eyes, cette légumineuse qui connait un engouement sans précédent ces derniers temps, et qui fait l’objet d’une demande mondiale croissante d’année en année. Mais c’est aussi un District qui produit essentiellement des arachides et du riz. Les autres activités principales de la majorité de la population sont les élevages bovin et caprin.

Délestage et coupure d’eau

Composée d’une équipe jeune et dynamique dirigée par RAOELIJAONA Radoniaina – le Percepteur Principal – la Perception Principale d’Ambato Boeny, rattachée à la Trésorerie Générale de Mahajanga, traite le paiement des Bons de Caisse des fonctionnaires. Elle s’occupe également de la paie des pensions des 193 retraités de CRCM et près de 210 de CPR.

Mais dû à un délestage chronique, le traitement des dossiers à l’informatique est un véritable parcours de combattant. L’électricité reste parfois coupée durant une semaine ou plus. Et quand elle daigne fonctionner, elle est coupée au beau milieu de la matinée – vers 10 heures du matin – pour ne re-fonctionner que vers 04 heures du matin du jour suivant.

Quelques habitants croisés en ville nous ont également confié, que même l’eau courante est quasi inexistante depuis le mois de septembre 2016. Une tenancière du seul « Hotely » de la ville – Maman’i Romuald – d’ajouter que l’eau salubre « est une denrée de luxe » à Ambato Boeny, surtout en saison sèche. Et elle d’ajouter que le District fait les frais du changement climatique, enregistrant une baisse dangereuse du fleuve Betsiboka, voire son assèchement, repoussant chaque année le début de la période culturale.

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