REPORTAGE
« Nous arrivons à atteindre une cinquantaine de kilos de poissons par jour »

Retraité de la gendarmerie, il se consacre aujourd’hui à la production de tilapia nilotica(1). Président de la Coopérative des pisciculteurs de la Région Boeny, et Président du KMTM (Kaoperativan’ny Mpiompy Trondro eto Madagasikara), Ratsirivola Michel est également un formateur en pisciculture. Cet habitant de Mandritsarahely de la commune rurale d’Andranofasika et District d’Ambato-Boeny de la région Boeny nous parle de son métier et de ses ambitions.
De la gendarmerie à la pisciculture, racontez-nous.
Si ma retraite était prévue pour 2018, en 2011, je l’ai anticipé 2011. Une décision qui résulte de la nouvelle passion que je me suis découverte : la pisciculture. Cette passion est née en 2008 lorsque j’ai creusé mon premier bassin d’alevin pour des trondro gasy. A l’époque je me basais sur des documents étant donné que je ne maîtrisais pas la technique de la pisciculture. Puis en 2012, le Projet d’Aquaculture Tilapia à Madagascar (PATIMA) fondé par l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA)a recruté des éleveurs de poissons pour une formation de trois ans sur l’élevage de Tilapia nilotica. En tout, il y avait 26 participants venant tous de la Région Boeny et j’en faisais partie. En 2015, je suis devenu indépendant et j’ai fondé une coopérative de pisciculture. Actuellement, je suis à la fois producteur, vendeur d’alevins et formateur.
La coopération avec PATIMA vous a-t-elle été bénéfique ?
Bien sûr d’autant plus qu’elle n’est pas arrêté au niveau de la formation. PATIMA nous a également équipés de bouteilles, de barques, d’aérateurs, de motopompes, etc. Il nous a même fourni nos premiers tilapia nilotica.
Pourquoi avez-vous laissé la production de trondro gasy après votre formation ?
Je n’ai pas obtenu le résultat auquel je m’attendais. Cette espèce de poisson est certes proliférante mais difficile à grossir. Je l’ai pratiqué pendant uncertain temps et nos productions étaient envoyées à Antananarivo. Après quoi, PATIMAnousa initiés àla technique moderne. Maintenant, je maîtrise parfaitement la pisciculture et je suis apte à donner des formations. J’ai même obtenu un certificat et possède l’autorisation de fonder un centre piscicole. Mais ce projet est à long terme.
Combien de bassins avez-vous au sein de votre domaine ?
Nous avons un vaste terrain de 28 ha que nous exploitonsen une ferme agricole. Nous classons les poissons par catégorie d’âge. Nous disposons de sept bassins de pisciculture au total. Le premier est destiné auxgéniteurs, le second auxalevins etles cinq derniers pour leur grossissement. Nous ne manquons de rien pour leur développement. Toutefois, ce qui nous causeproblème, c’est l’insécurité. Comme vousle voyez nous engageons des gardiens et laissons la lumière allumée jusqu’au matin.
Comment nourrissez-vous vos poissons ?
Nous les alimentons trois fois par jour avec nos propres productions. Nous cultivons du maïs, du maniocqui seront mélangés avec du poisson et duson de riz.Le mélange seraensuite broyé très fin avant d’être donné aux poissons. Pendant les trois premiers mois, un alevin se nourrit de 2 grammes d’aliment. Le deuxième trimestre il se nourrit de 4 grammes. Avec ce régime, après six mois, un poisson peut atteindreles 300 grammes.
En quelle période pêchez-vous les poissons ?
En principe,l’élevage d’un poisson dure six mois. Comme nous disposonsd’une autorisation légale en tant que pisciculteur, nous avons le droit de pêcher en dehors de la saisonde pêche (de décembre à février).Nous profitons de cette fermeture de la saison de pêche pour vendre les poissons, encore vivants,à Mahajanga.
Quel est le volume de votre production dans l’année ?
Nous ne pêchons que pendant un mois par an, durant la fermeture de la saison de pêche. Durant cette période, nous arrivons à atteindre une cinquantaine de kilos par jour.
Vous avez dit que vous êtes aussi formateur. Est-ce que vous travaillez avec d’autres entités ?
Au fait, nous nous organisons avec le CSA(2) (Centre de Service Agricole) qui existe au niveau de chaque district. Actuellement, nous travaillons dans la Région Sofia. A noter qu’en 2014, nous avons déjà donné des formations dans la Région Analamanga, dans les zones rurales d’Antananarivo. Un moment qui m’a particulièrement marqué étant donné que nous avions pu visiter des endroits tels que l’Itasy, ce qui nous a permis de faire des échanges et de fonder des associations. En 2015, nous étions dans la Région Analanjirofo, de Brickaville jusqu’au village lointain de Soanierana Ivongo appelé Fiadanantsoa. Nous leur fournissons nos propres alevins. Notre programme actuel est de former les villageois de Sofia notamment ceux de Mampikony, Port-Bergé, Antsohihy, Befandriana, Mandritsara jusqu’à Maritandrano. Récemment, j’ai aussi formulé une demande d’accord de coopération avec le programme« PROSPERER (3) ».J’attendsleur réponse.
Comment faites-vous pour que les alevins arrivent vivants à destination ?
Comptez-vous rester dans la filière pisciculture ou avez-vous d’autres ambitions ?
Pour le moment, nous nous efforçons de développer la pisciculture et de la vulgariser en octroyant des formations gratuites aux intéressés. Mon objectif a long terme est de transformer ce domaine en village touristique à travers des activités agricoles, et de fonder un centre piscicole.
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Propos recueillis par Rovahanitriniala Rakotondrasoa
29/08/2016 11:49
(1)tilapia nilotica : un robuste poisson de la famille des cichlidés. Ce poisson est de consommation par excellence pour l'homme qui souffre de la faim. Son élevage offre des possibilités énormes dans la production de poissons très riches en protéines.
(2)Le CSA est un programme de développement rural des districts sous tutelle du Ministère de l’agriculture
(3)« PROSPERER » est un programme du Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (MAEP), piloté avec la collaboration du Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (MECI). Ce programme soutient les pôles de micro-entreprises rurales et les économies régionales. Partager cet article sur :