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Conteneurs maritimes :Vecteurs d’organismes nuisibles et de maladies

Conteneurs maritimes :Vecteurs d’organismes nuisibles et de maladies

 

Les conteneurs maritimes constituent actuellement une menace pesante, non seulement à cause du déversement d’hydrocarbures, mais aussi avec les déversements « biologiques », très dangereux à long terme.

Le transport maritime rime avec conteneurs maritimes. Chaque année, près de 527 millions de voyages sont réalisés à l'aide de ces derniers. Quelques 12 millions de conteneurs sont entrés aux Etats-Unis l'année dernière en utilisant au moins 77 ports. La Chine gère à elle seule annuellement plus de 133 millions de conteneurs maritimes. Aujourd'hui, près de 90% du commerce mondial se fait par voie maritime, avec une large panoplie de différentes logistiques, et en se basant sur une méthode d'inspection plutôt vague. Il ne s'agit pas seulement du cargo, mais des machines en acier elles-mêmes, qui peuvent servir de vecteurs pour la propagation d'espèces toxiques capables de semer un chaos écologique et agricole.

Une menace pour l’agriculture, l’écosystème et la santé publique

A titre d’illustration, un champignon exotique est responsable de l'extermination de milliards de châtaigniers américains au début du 20èmesiècle, transformant au passage, de manière radicale, le paysage et l'écosystème. Par ailleurs, l'agrile du frêne - une autre maladie qui voyage vers de nouveaux habitats en empruntant les routes du commerce mondial - menace de faire la même chose avec un arbre utilisé depuis longtemps par les hommes pour fabriquer des manches d'outils, des guitares et du mobilier de bureau.

Plus récemment, une espèce proche du crapaud géant très répandue en Australie, s'est enfuie d'un conteneur transportant des marchandises vers Madagascar et la capacité des femelles à pondre 40 000 œufs chaque année représente non seulement une menace pour les oiseaux et lémuriens locaux, mais aussi pour l'habitat de nombreux animaux et végétaux. A Rome, les autorités municipales intensifient leur campagne annuelle contre le moustique tigre Aedesalbopictus, connu pour ses morsures agressives. C’est une espèce envahissante arrivée en Albanie par bateau dans les années 1970.

Taux de contamination extrêmement élevé

L'analyse de 116701 conteneurs maritimes vides arrivant en Nouvelle Zélande au cours des cinq dernières années a illustré qu'un sur dix était contaminé à l'extérieur, soit deux fois plus que le taux de contamination intérieur. D’après Eckehard Brockerhoff, scientifique responsable d'étude au sein de l'Institut de recherche forestière de Nouvelle Zélande, les rapports d'inspection en provenance des Etats-Unis, d'Australie, de Chine et de Nouvelle Zélande indiquent que des milliers d'organismes de grande diversité se déplacent sans le vouloir avec les conteneurs maritimes. Les dégâts vont au bien au-delà des problèmes liés à l'agriculture et à la santé humaine. Les espèces envahissantes peuvent provoquer l'obstruction de voies navigables et la fermeture de centrales. Selon une étude, les invasions biologiques entraînent des dégâts estimés à près de 5% de l'activité économique mondiale annuelle, soit l'équivalent d'environ dix années de catastrophes naturelles. Si l‘on ajoute à cela les répercussions qui sont plus dures à mesurer, on peut doubler la mise.

Nécessité de l’élaboration d’un plan d'action phytosanitaire

En 2015, la Commission des mesures phytosanitaires a adopté une recommandation encourageant les organisations nationales pour la protection des végétaux à reconnaitre et à faire connaitre les risques posés par les conteneurs maritimes mais aussi à soutenir la mise en place de certains points du Code des bonnes pratiques pour le chargement des cargaisons dans un conteneur maritime, un guide non réglementaire sur l'industrie.

Cela permettrait aux principaux acteurs du domaine de mettre en place un système destiné à répondre à ces préoccupations sans pour autant freiner l'essor du commerce.

Pour le moment, l'heure est à la prudence et les principaux acteurs du secteur disposent d'un peu de temps pour mettre en place ces mesures non contraignantes et volontaires pour démocratiser l'utilisation des bonnes pratiques et pour une mise en œuvre consciencieuse des procédures actuelles. En fonction du succès de ces efforts, la Commission se penchera sur l'éventuel développement d'une norme internationale à l'avenir.

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