A LA UNE

Croissance en Afrique : Changement de cap nécessaire

Croissance en Afrique : Changement de cap nécessaire

 

Selon un nouveau rapport du Fonds Monétaire International (FMI), l’Afrique subsaharienne va vraisemblablement connaître une deuxième année difficile à cause des multiples chocs qui frappent la région. Pourtant la croissance économique dans ladite région a été vigoureuse pendant une longue période.

La région de l’Afrique subsaharienne a connu la plus faible croissance depuis 15 ans. Le rapport du FMI indique que la croissance économique est descendue à 3,5 % en 2015. Cette année, elle devrait ralentir encore et s’établir à 3 %. En d’autres termes, un recul très net est attendu par rapport aux 6 % enregistrés en moyenne au cours de la décennie écoulée, et à peine plus que la croissance démographique.

Des chocs sévères

La chute des cours des produits de base a durement frappé beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne. Les cours du pétrole se sont un peu redressés depuis le début de l’année, mais ils sont encore inférieurs de plus de 60 % au pic de 2013. En conséquence, les pays exportateurs de pétrole comme le Nigéria et l’Angola continuent de se heurter à des conditions économiques particulièrement difficiles. Il en est de même pour les pays dont l’économie est dépendante aux matières premières. Ce choc est amplifié par le durcissement sensible des conditions d’accès aux financements extérieurs pour la plupart des pays pré-émergents de la région. En outre, la grave sécheresse qui affecte plusieurs pays d’Afrique australe et orientale expose des millions de personnes à l’insécurité alimentaire.

Perspectives à moyen terme favorables

L’impact de ces chocs varie amplement au sein de la région et beaucoup de pays continuent d’enregistrer une croissance vigoureuse. La plupart des pays importateurs de pétrole s’en tirent beaucoup mieux. En effet, les perspectives de croissance à moyen terme de la région demeurent favorables. La nette amélioration du climat des affaires dans la région et la démographie favorable devraient favoriser la croissance à moyen terme.

Nécessité du changement de cap

Le rapport met également en exergue le changement de cap nécessaire dans de nombreux pays, vu l’insuffisance des mesures prises par les pouvoirs publics. Afin d’éviter un ajustement désordonné, la riposte au choc doit être rapide et vigoureuse dans les pays exportateurs de produits de base, où les réserves budgétaires et extérieures s’amenuisent rapidement et qui se heurtent à des contraintes de financement. Par ailleurs, les pays qui ne sont pas membres d’une union monétaire devraient exploiter la flexibilité du taux de change, dans le cadre d’un ensemble plus vaste de mesures macroéconomiques, pour amortir le choc.
Étant donné que les recettes provenant du secteur des industries extractives vont sans doute rester durablement basses, beaucoup des pays concernés doivent aussi absolument endiguer leur déficit budgétaire et constituer une base d’imposition viable dans le reste de l’économie. Compte tenu du resserrement marqué des conditions financières extérieures, les pays qui ont accès aux marchés financiers et dont les déficits budgétaires et courants sont élevés devront aussi recadrer leur politique budgétaire de manière à reconstituer des amortisseurs aujourd’hui très amoindris et à atténuer les vulnérabilités qu’entraînerait une nouvelle dégradation des conditions extérieures.
Les mesures requises induiront peut-être un recul de la croissance économique à court terme, mais elles éviteront ce qui pourrait être un ajustement bien plus coûteux et désordonné. Ces mesures créeraient les conditions nécessaires pour que la région réalise l’énorme potentiel économique qui reste inexploité.

Partager cet article sur :

»»» Les articles sur le Trésor public