REPORTAGE

Cours du pétrole : Une légère hausse

Cours du pétrole : Une légère hausse

Après un début de semaine dans le rouge, les prix du pétrole se reprennent légèrement ce 26 avril 2016 en cours d'échanges européens, le marché attendant d'en savoir plus sur l'état de l'offre à la veille de la publication des stocks américains de brut. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 44,86 USD sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 38 cents par rapport à la clôture du lundi 25 avril 2016.

Faut-il rappeler que au l’or noir a perdu environ 3% sur les places boursières européennes le lendemain des négociations infructueuses sur le gel de la production qui se sont tenues à Doha au Qatar le 17 avril 2016.

Aucun accord trouvé

La réunion des principaux pays producteurs de pétrole a été un fiasco. Ces derniers n’ont pas réussi à s’entendre pour limiter la production de brut. A l’issue de six heures de tractations, le ministre qatari de l’Energie a annoncé que les négociations de Doha s’étaient achevées « sans accord ». Mohammed Ben Saleh Al-Sada a déclaré que les 16 pays concernés, membres et non membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), avaient besoin de « plus de temps ». Aucune date n’a pourtant été fixée pour une nouvelle réunion, a-t-il ajouté.

Néanmoins, les divergences entre l’Iran et l’Arabie saoudite, les deux grands rivaux du Moyen-Orient, avaient éclaté avant même le début de la réunion de Doha. Dans une interview publiée le 16 avril 2016 par l’agence de presse Bloomberg, le vice-prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, avait affirmé que le royaume ne gèlerait pas sa production de brut à moins que l’Iran n’en fasse autant. Le lendemain, l’Iran a fait savoir qu’il ne participerait pas à la réunion au Qatar. « La réunion de Doha est pour ceux qui veulent participer au plan de gel de la production », a déclaré le ministre iranien du pétrole Bijan Namdar Zanganeh. « Dans la mesure où il n’est pas prévu que l’Iran signe ce plan, la présence d’un représentant de l’Iran à cette réunion n’est pas nécessaire », a-t-il ajouté. « L’Iran ne renoncera en aucune manière à son quota de production historique », a affirmé avec force M. Zanganeh, en référence au niveau de production et d’exportation de son pays d’avant les sanctions internationales contre Téhéran.

Après l’annonce de cet échec, les cours de l’or noir ont plongé le 18 avril 2016 sur les marchés asiatiques.

Les géants pétroliers cherchent des alternatives

En réponse à la chute des prix du baril sur le marché international, le géant pétrolier français Total a lancé le plan « Total One » qui vise, selon les responsables de la compagnie, à « mutualiser certaines fonctions afin de maîtriser les coûts ». « Total One », qui vient d’être présenté aux actionnaires de la compagnie, prévoit ainsi la création d'une branche électricité et énergies renouvelables. Cette réorganisation s’inscrit non seulement dans le contexte de la chute des prix du pétrole mais aussi et surtout représente une « adaptation » aux mesures de lutte contre le réchauffement climatique. La direction du pétrolier français a tenu à rassurer sur le fait que cette opération n’aura aucun impact sur les 96 000 personnes qu’elle emploie à travers le monde. Dans sa stratégie globale, Total, n°2 mondial de l'énergie solaire avec sa filiale SunPower, souhaite davantage s'impliquer dans les énergies renouvelables.

Réduire la dépendance à l’or noir

Pour le fils du roi Salman, dès 2020, l’Arabie Saoudite pourra se libérer de sa pétro-dépendance et se construire un nouvel avenir : « Je pense qu'en 2020 nous pourrons vivre sans pétrole » a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision Al-Arabiya, en annonçant un ambitieux plan de transformation et de diversification de son économie.

Le projet consiste à céder en Bourse moins de 5% du géant pétrolier Saudi Aramco et ses 261 milliards de barils de réserves pétrolières, afin de donner naissance au plus grand fonds souverain du monde, et de loin. Un fonds d’investissement de 2 000 milliards USD : « Nous avons restructuré le fonds. Nous avons intégré de nouveaux actifs dans le fonds, Aramco et d'autres actifs, et résolu les problèmes des actifs actuellement détenus par le fonds public d'investissement », a déclaré la vice-prince héritier. Une somme astronomique, supérieure à la capitalisation cumulée de Google, Apple et Microsoft, destinée à être investie dans des avoirs industriels non pétroliers, puis reversée dans les caisses du royaume.

Le premier producteur mondial de pétrole se transformera alors en premier investisseur mondial, contrôlant 3% des actifs mondiaux et disposant de 10% de la capacité d’investissement de la planète finance. Ce fonds détrônera le Fonds souverain norvégien qui pesait, lundi matin, 866 milliards USD, soit près de 2,5 fois moins que le fonds saoudien envisagé. L’Arabie Saoudite prévoit également d’accueillir des migrants arabes et musulmans en leur offrant une « green card » sur le modèle américain.

Mohammed Ben Salman pourrait également annoncer la vente d’autres actifs saoudiens, comme des terrains à La Mecque, l’une des villes dont le foncier est le plus cher au monde, et la privatisation de certains secteurs de services, comme la santé, les télécommunications et l’éducation.

L’instauration d’un indice de performance dans les ministères et la création de taxes sont également attendues. Véritable « super-premier ministre », Mohammed Ben Salman insiste en particulier sur la mise en place d’une TVA, prévue à l’horizon 2018 dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le club des pétromonarchies de la péninsule arabique.

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