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Economie mondiale : Les risques en 2016

Economie mondiale : Les risques en 2016

 

Quelques situations et événements risquent de marquer et de bouleverser l’économie mondiale au cours de cette nouvelle année 2016. L’économiste Laurence Daziano, Maître de conférences à Sciences Po Paris a livré ses points de vue sur les grands traits de l’économie mondiale en 2016 dans un entretien accordé au journal français Le Figaro.

Les engagements du «shadow banking» risquent en premier lieu de déstabiliser l’économie mondiale. En effet, le risque financier ne concerne plus les crédits spéculatifs accordés aux ménages, mais ceux des entreprises, à l'instar de la faillite du fonds Third Avenue à New York en décembre 2015. L'absence de régulation du «shadow banking», l'agressivité des fonds «activistes» (à l'origine de la chute de 20% du cours de bourse de Casino en 24 heures) ou les engagements financiers des collectivités locales chinoises sont autant de risques qui peuvent déstabiliser le marché mondial.

Deuxièmement, le risque de Brexit demeure élevé, alors que le référendum sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne se profile autour de l'été 2016. Cette consultation électorale s'avère imprévisible, alors que les élites européennes se retrouvent fort dépourvues à expliquer clairement les avantages d'un maintien au sein de la famille européenne, dans une période où l'économie britannique se révèle florissante.

Par ailleurs, la Chine poursuit sa «nouvelle normalité» économique, avec une croissance attendue de 6,3% selon le FMI, soit le taux le plus bas depuis vingt-cinq ans. Point positif, la Chine continuera la transformation de son modèle de croissance, permettant de poursuivre son chemin vers davantage de consommation intérieure et d'innovation. Ce ralentissement pèsera fortement à̀ la baisse sur le cours des matières premières puisque la Chine représente environ 50% de la production mondiale. Mais les nouveaux pays émergents prennent le relais, notamment le Vietnam qui a enregistré une croissance de 6,7% en 2015.

Quant à la remontée des taux directeurs de la réserve fédérale américaine, celle-ci entraînera un retour des capitaux aux Etats-Unis et pousser le dollar à la hausse. Il est cependant probable que la FED n'ira pas beaucoup plus avant dans la remontée des taux, en raison d'incertitudes sur la solidité de la croissance américaine, mais également pour ne pas interférer dans l'élection présidentielle. En effet, un challenger républicain pourrait succéder aux deux mandats démocrates de Barack Obama. Une alternance à la Maison-Blanche pourrait ouvrir une nouvelle relation entre les Etats-Unis et l'Europe en 2017, au moment où les élections présidentielles françaises et législatives allemandes se tiendront dans les deux grandes puissances de la zone euro.

En outre, le réchauffement climatique et les températures élevées de l'automne 2015 pourraient entrainer une inflation sur les produits agricoles. La baisse des rendements agricoles en Asie et en Australie pourrait faire monter les prix en 2016.

Enfin, les prix du pétrole resteraient à 50 USD le baril. Les spécialistes de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) prévoient une remontée de 5 USD en 2016 en raison d'une croissance de la demande mondiale et d'une augmentation de l'offre plus faible que prévue des pays non membres de l'OPEP. Cependant, le retour du pétrole iranien sur le marché́ mondial devrait modérer la remontée des prix. L'OPEP indique, dans son rapport de décembre 2015, que près de 400 milliards USD d'investissements par an sont nécessaires pour anticiper la demande mondiale jusqu'en 2050. Or, le directeur général de l'Agence Internationale de l’Energie (AIE), Fatih Birol, a indiqué́ que les investissements pétroliers continueraient de diminuer en 2016. Une baisse pendant deux années consécutives, pour la première fois depuis les années 1980, constituerait une très mauvaise nouvelle pour le secteur pétrolier.

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