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L’inefficacité de la lutte contre la corruption dénoncée

L’inefficacité de la lutte contre la corruption dénoncée

 

Madagascar dans le rouge. Transparency International indique dans son rapport publié le 1er décembre 2015, intitulé « People and Corruption: Africa Survey 2015 », que 90% des Malgaches estiment que le gouvernement a mal fait son travail en ce qui concerne la lutte contre la corruption au cours des douze derniers mois. Seule 9% de la population estime qu'il a fait correctement son travail. Et ce n'est pas tout. Le rapport avance également qu'entre 60% et 80% des Malgaches font état d'une « importante augmentation de la corruption ». Des taux révélateurs qui devraient donner matières à réflexion au gouvernement.

Néanmoins, l'Etat n'est pas le seul qui devrait se remettre sérieusement en question en ce qui concerne la corruption qui règne à Madagascar. En effet, la population est toute aussi concernée. Certes, il y a les corrompus, mais il n'y a pas de corruption sans corrupteurs. Et la corruption est souvent constatée de la plus basse à la plus haute sphère de l'Etat et devient souvent une pratique courante tolérée par la société. Transparency International estime qu’au cours de l’année dernière, 75 millions d’Africains ont versé un pot-de-vin.

« Les personnes qui ont été en contact avec les tribunaux ou la police sont les plus susceptibles d’avoir versé un pot-de-vin. Respectivement 28% et 27% des personnes qui ont eu un contact avec ces services ont versé un pot-de-vin. Sur tout le continent africain, les pauvres ayant recours aux services publics sont deux fois plus susceptibles que les riches d’avoir versé un pot-de-vin. Dans les zones urbaines, ils sont encore plus susceptibles de payer des pots-de-vin », rapporte Transparency International dans son rapport. A noter que pour la réalisation de ce sondage d'opinion, cet organisme s’est associé à Afrobaromètre, qui a interrogé 43 143 personnes dans 28 pays d’Afrique subsaharienne entre mars 2014 et septembre 2015 sur leurs expériences et perceptions de la corruption dans leur pays.

Face à cette importance de la corruption dans le continent, « nous appelons les gouvernements et les juges à venir à bout de la corruption, à mettre un terme à l’impunité et à mettre en œuvre l’Objectif 16 des Objectifs de Développement Durable (ODD) édicté par les Nations unies pour réduire la corruption. Nous exhortons également la population à exiger honnêteté et transparence et à se mobiliser contre la corruption. Il est temps de dire « ça suffit » et démasquer ainsi les corrompus » a déclaré José Ugaz, le président de Transparency International. Les mécanismes de dénonciation devraient toutefois être améliorés.

En effet, « l’enquête indique que les mécanismes de dénonciation de la corruption sont souvent perçus comme trop dangereux, inefficaces ou peu clairs. Plus d’un Africain sur trois pense qu’un lanceur d’alerte s’expose à des conséquences négatives s’il dénonce des pratiques de corruption, ce qui est la raison pour laquelle la plupart des gens ne dénoncent pas la corruption », dénonce Transparency International.

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