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Manque de financement: adoption d’approches novatrices

Manque de financement: adoption d’approches novatrices

 

La Banque Mondiale met en garde contre la pénurie de financements de long terme depuis la crise de 2008, une situation qui étouffe la croissance fondée sur l’investissement dans les pays en développement et empêche les ménages solvables d’emprunter pour financer leur éducation et leur logement et échapper à la pauvreté. Cette mise en garde a été publiée dans un rapport intitulé Global Financial Development Report 2015-2016: Long-term Financing, sorti le 14 septembre 2015. Selon le rapport, les pays en développement ont également du mal à mobiliser les milliards de dollars nécessaires à la construction des infrastructures sans lesquelles leurs économies nationales et régionales ne peuvent décoller. Ce rapport plaide également pour l’allongement de la structure des échéances, clé d’un développement financier durable.

La disponibilité de financements à long terme (c’est-à-dire dont l’échéance est supérieure ou égale à un an) repose sur les mêmes fondamentaux à mettre en place pour remédier à la volatilité actuelle des marchés financiers internationaux: il s’agit, pour les responsables publics, de procéder à des réformes institutionnelles pour promouvoir la stabilité macroéconomique, d’installer un système bancaire et d’investissement réglementé et juridiquement contraignant protégeant les emprunteurs et les bailleurs, et d’encadrer les marchés financiers et les investisseurs institutionnels.

Par ailleurs, il est impossible d’atteindre des taux de croissance élevés et durables si les pays ne peuvent pas investir dans la production et la distribution d’électricité ni dans leurs écoles, leurs routes, leurs voies ferrées et les autres moyens de transport et de communication. De même, le secteur privé doit pouvoir construire des usines et investir dans les machines et les équipements.

Approches novatrices pour développer l'accès aux financements

À travers des exemples, le rapport rend compte d’approches novatrices adoptées dans certains pays pour développer l’accès aux financements à long terme, entre autres : (i) Le manque de renseignements sur les demandeurs de crédit incite les prêteurs à privilégier les opérations à plus court terme puisqu’ils ne peuvent pas apprécier le risque. Après l’introduction d’agences d’évaluation du crédit privées en Bulgarie et au Nicaragua, les échéances moyennes des prêts ont été considérablement allongées. (ii) La protection limitée des droits des investisseurs conduit les prêteurs à privilégier les contrats de court terme pour obliger, par la menace de la résiliation, les emprunteurs à se discipliner. L’Inde a créé des tribunaux pour le recouvrement des créances afin d’accélérer les procédures, ce qui a incité les entreprises à privilégier les emprunts à plus long terme au détriment d’un endettement à court terme. (iii) Le manque de gouvernance des entreprises affaiblit l’environnement contractuel. Une enquête menée auprès de plus de 7 000 entreprises dans 22 pays a permis de constater que plus la gouvernance institutionnelle est forte, moins l’entreprise recourt à des emprunts de court terme.

Le rapport, qui détaille le potentiel des financements à long terme, rappelle également que ce type de financement n’est pas toujours optimal ni même indispensable. Tout dépend des circonstances. Les entreprises font coïncider la structure des échéances de leurs actifs avec leur passif et souscrivent donc en général des prêts à plus court terme pour financer les salaires et les stocks, privilégiant les échéances plus longues pour leurs immobilisations. Aux États-Unis par exemple, la surabondance de crédits accordés à des emprunteurs non solvables a joué un rôle décisif dans la crise des subprimes.

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